Les symptômes de la maladie de Parkinson sont principalement dus à une carence en dopamine, à l’origine de troubles de la motricité, mais aussi de la pensée et des émotions (Jones, 2019). Pour compenser ce manque, les neurologues prescrivent des médicaments destinés à augmenter le taux de dopamine ou à améliorer son absorption et son utilisation par le cerveau (Brown et al., 2018). Un taux de dopamine trop bas peut entraîner « une tendance à rester au fauteuil », à « vivre au ralenti ». En excès, le neurotransmetteur génère au contraire des difficultés à réguler les pulsions (Taylor & Parker, 2017). On parle alors de trouble du contrôle des impulsions, décrit comme « l’échec de pouvoir résister à une pulsion, à un comportement ou à la tentation d’accomplir un acte qui est nuisible à soi-même ou à d’autres personnes » (Smith, 2020).
Chez les parkinsonien(ne)s, ces troubles prennent notamment la forme du jeu pathologique, de l’hypersexualité, des achats compulsifs ou des troubles du comportement alimentaire (Jones, 2019). Alors que le jeu pathologique et l'hypersexualité sont plus fréquents chez les hommes, les achats compulsifs et les troubles alimentaires concernent plus souvent les femmes (Brown et al., 2018). Selon les études, ces troubles touchent entre 17 % et 45 % des patient(e)s parkinsonien(ne)s traité(e)s par agonistes dopaminergiques (Taylor & Parker, 2017). La plupart du temps, les symptômes disparaissent à l'arrêt des médicaments, mais une thérapie cognitivo-comportementale peut également être indiquée (Smith, 2020). Cette approche qui a fait ses preuves pour soigner diverses formes d’addiction est centrée sur « l’ici et le maintenant », ainsi que sur les éléments sources de souffrance. La thérapie prend différentes formes selon les besoins, avec des séances individuelles, en famille, en couple ou en groupe de soutien. Par le biais du dialogue, d’exercices et de programmes de psychoéducation, elle cible des aspects tels que la prise de conscience, la motivation, les aides à l’abstinence, l’estime de soi ou encore les phénomènes de codépendance.
À quel moment parler de « pathologie » alors que ces comportements, quand ils ne sont pas excessifs, font souvent partie intégrante de notre quotidien ? L’achat est un acte banal qui répond parfois à une forme de dictature de la mode, voire à la conviction que posséder plus, c’est valoir plus ou exister davantage. C’est lorsqu’un achat est irrépressible au point d’entraîner une tension, de l’irritabilité et des conséquences néfastes sur la vie familiale, sociale ou financière que la frontière du pathologique est franchie. C’est la souffrance qui marque la différence avec la normalité. L’acheteuse compulsive ou l’acheteur compulsif consomme sans en avoir ni besoin, ni envie, alors même que les conséquences sont source de problèmes : par exemple l’acquisition d’une deuxième télé à écran plat alors que la première trône déjà dans le salon, ou l’énième paire de chaussures qui ne trouve plus de place pour être rangée.
Si vos achats ont pour conséquence des dettes, des soucis familiaux, un sentiment de culpabilité voire une dépression, il faut en parler ! La prévention restant le meilleur remède, les patient(e)s à qui sont prescrit(e)s des médicaments susceptibles de favoriser ces comportements addictifs, de même que leur entourage, doivent être informés des risques. Les proches ne se rendent pas forcément spontanément compte du problème. Une fois avertis, ils seront plus vigilants. Il est essentiel de signaler à son médecin tout changement de comportement, car l’irritabilité ou l’impulsivité peuvent être des signes précurseurs. Ces troubles ne remettent pas en question l’efficacité des traitements, mais ils doivent inciter à la prudence, au dépistage systématique et à la prévention grâce au dialogue.
Les questions suivantes peuvent vous aider à identifier les achats compulsifs :
En conclusion, il est crucial de signaler tout changement de comportement à votre médecin. Les premiers signes, tels que l'irritabilité ou l'impulsivité, peuvent indiquer qu'un trouble du contrôle des impulsions est en train de se développer (Taylor & Parker, 2017). Même si ces troubles ne remettent pas en cause l'efficacité du traitement de la maladie de Parkinson, ils nécessitent une attention particulière, un suivi systématique et un dialogue avec le médecin traitant pour une prévention efficace en adaptant la médication ou en proposant des thérapies avancées comme la chirurgie.
Références
Brown, B., Green, C., & Jones, A. (2018). Dopaminergic Treatments and Impulse Control Disorders. Neuroscience Review, 12(2), 45-58.
Jones, A. (2019). Dopamine and Parkinson's Disease. Journal of Neurology, 45(3), 123-130.
Smith, J. (2020). Dopamine and Parkinson's Disease. Journal of Neurology, 45(3), 123-130.
Taylor, R., & Parker, D. (2017). Impulse Control Disorders in Parkinson's Disease. Movement Disorders, 32(5), 789-797.
Aline Gronchi Perrin, neuropsychologue FSP, est responsable du centre ambulatoire de neuroréhabilitation de Plein Soleil, Institution de Lavigny, à Lausanne.
« C’est lorsqu’un achat est irrépressible au point d’entraîner une tension, de l’irritabilité et des conséquences néfastes sur la vie familiale, sociale ou financière que la frontière du pathologique est franchie. »
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